Ses qualités
Son origine doit se perdre dans les temps les plus anciens puisque ce type de ruche est l'habitat premier des abeilles. Elle semblerait être arrivée en France au Moyen-Age, en même temps que le châtaignier, et est la ruche typique du sud de la France et notamment des Cévennes où elle est particulièrement bien adaptée au climat, présente des qualités incontestables pour la colonie.
Isothermes, rondes, leurs parois atteignant 15cm d'épaisseur permettaient de garder la chaleur en hiver et protéger la colonie des fortes chaleurs en été. Que dire de nos ruches modernes, cubiques dont les planches qui la constituent ne dépassent pas les 24 ou 25 mm quand elles ne sont pas en plastique! Peuplées d'abeilles noires, elles assuraient à ces dernières la survie de manière autonome avec peu de réserves dans un environnement où elles étaient parfaitement adaptées.
Plus encore que dans les ruches en paille, les abeilles vivaient en paix; pas de transvasement, pas d'essaims artificiels, tout se faisait selon leur nature, selon ses lois et ses impératifs.
Certaines ruches étaient plus étroites sans que la hauteur en soit plus grande; Lionel Garnery, spécialiste de la génétique de l'abeille noire, y voit la nécessité de maintenir la production naturelle d'essaims sans récolte de miel pour garantir la pérennité de l'espèce.
Quel apiculteur "moderniste" d'aujourd'hui aurait cette volonté, cette pratique et ce sens du bien commun?
L'histoire d'un essaim logé dans un peuplier qui donna une récolte abondante et plusieurs essaims donne à B. de Gelieu, l'occasion de nous questionner: Ceci me rappelle qu'en 1869, je reçus en cadeau d'un de mes voisins, deux essaims sortis en mai, à huit jours de distance, du tronc creux d'un grand noyer en pleine végétation. Ces deux essaims ont péri l'année suivante, l'un par ma faute..., l'autre par une cause inconnue. Mais pendant leur courte existence, ils avaient amassé ensemble, outre le nécessaire pour leur entretien, trente-sept livres de beau miel qu'ils m'ont laissé en héritage.
De ce qui précède serait-il téméraire de conclure, qu'il convient de donner aux ruches une forme se rapprochant, autant que possible, des troncs d'arbres, logis naturels des abeilles et où elles prospèrent si bien dans les vastes forêts de Lithanie?
Sa construction
Elle était d'une grande simplicité et nécessitait que peu d'outillage... mais une bonne dose d'heures de travail qui, malgré tout facilité par la faculté du cœur du châtaignier à pourrir en premier; creuser où étaient les nœuds était le plus difficile. Le morceau de tronc choisi était la partie basse d'un châtaignier, d'une hauteur approximative de 65 cm et de 55cm environ de diamètre, ce qui offrait une capacité de 30 à 40 litres aux abeilles. La cavité était creusée en respectant les cercles de croissance de l'arbre, trois trous à la base que les abeilles propolisaient selon la nécessité servaient d'entrée, un croisillon était installé à mi-hauteur de la ruche servait de charpente aux rayons afin que ceux-ci ne s'écroulent, une lauze de schiste dans laquelle entrait une veine de quartz, taillée en rond servait de toit et une autre de plancher que l'on luttait à la ruche avec un mélange de fumier et de terre afin d'éloigner les martres qui n'hésitaient pas à percer les 15cm de bois pour s'emparer des réserves de miel.
La ruche-tronc était installée dans le sens inverse que l'arbre qui avait servi à la construire afin que le miel récolté soit contenu dans la partie la plus large de la ruche où il était plus abondant.